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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 19:30

En ces temps de campagne électorale où les chrétiens vont avoir eux aussi à faire des choix, il m'apparaît nécessaire de rappeller l'Enseignement Social de l'Eglise qui dit en substance que l’immigration est un droit naturel ... mais pas un droit absolu.

 

Accueillir ceux qui sont contraints de fuir leur pays

L’Eglise reconnaît l’immigration comme un droit naturel du fait même de la destination universelle des biens : "Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elle contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples".

On ne peut donc refuser à des personnes vivant dans des conditions particulièrement éprouvantes d’émigrer : "pour eux doivent être libres les voies de l’émigration, le droit naturel l’exige" . En conséquence, chacun est tenu de respecter la dignité des personnes concernées : tout immigré doit trouver dans le pays qui l’accueille les conditions d’une vie décente.

Au premier rang de ces conditions minimales : une vie familiale normale. Doivent être respectés "la dignité et les droits de la personne humaine et de la famille, pour que celle-ci demeure réunie, qu’elle puisse créer un nouveau chez soi et y trouver le nécessaire, afin de vivre contente et agréable à Dieu", explique Pie XII . Alors que la question du regroupement familial se posait de manière aiguë en France dans les années 80, l’exhortation apostolique "Familiaris Consortio" confirme en 1981 "le droit d’émigrer en tant que famille pour chercher de meilleures conditions de vie".


N’émigrer qu’en dernier recours

L’Eglise ne considère cependant pas que les phénomènes migratoires constituent une norme d’organisation du monde et des cités. Pour un individu, émigrer est un moindre mal : personne "ne consentirait à échanger contre une région étrangère sa patrie et sa terre natale, s’il y trouvait les moyens de mener une vie plus tolérable". Jean-Paul II utilise l’expression de "mal nécessaire" dans "Laborem Exercens" (1981) : "l’émigration est sous certains aspects un mal", qui peut être "en des circonstances déterminées ce que l’on appelle un mal nécessaire".

En 1985, le Saint-Père rappelle, après avoir énuméré les méfaits du déracinement, "qu’on ne peut donc pas, a priori, considérer toute émigration comme un fait positif, à rechercher ou à promouvoir".


Un droit naturel subordonné au bien commun de la nation

L’immigration, droit naturel, n’est pas en effet un droit absolu. La position de l’Eglise sur l’attitude des pays d’accueil face à l’immigration est pleine de nuances. On la trouve résumée dans ces propos de Pie XII : "la domination de chaque nation, bien qu’elle doive être respectée, ne peut être exagérée au point que, si un endroit quelconque de la terre permet de faire vivre un grand nombre d’hommes, on n’en interdira, pour des motifs insuffisants et pour des causes non justifiées, l’accès à des étrangers nécessiteux et honnêtes, sauf s’il existe des motifs d’utilité publique, à peser avec le plus grand scrupule".

Ce propos affirme le droit de l’immigration, mais il en pose aussi les limites. Ouvrir sa porte à l’étranger suppose, comme on l’a vu, de bien l’accueillir. L’Eglise demande aux pays d’accueil de ne pas se limiter à donner des papiers aux immigrants mais de prendre toutes les mesures nécessaires à leur intégration complète. Elle n’exige donc pas des pays susceptibles d’attirer des migrants de les accueillir sans discernement.

C’est, de toute façon, une conception de l’Etat gardien du bien commun qui guide l’Eglise dans sa réflexion sur l’immigration. Une immigration excessive, mal contrôlée et mal accompagnée, est de nature à mettre en péril l’ordre public et la prospérité, les deux piliers du bien commun. Le cardinal Etchegaray, alors président de la Commission "Justice et paix" explique en février 1989 dans un document sur "L’Eglise face au racisme" : "Il appartient aux pouvoirs publics, qui ont la charge du bien commun, de déterminer la proportion de réfugiés ou d’immigrés que leur pays peut accueillir".


Respecter le pays d’accueil : un devoir pour les immigrés

Le Catéchisme de l’Eglise catholique n’est pas moins clair : "Les nations mieux pourvues sont tenues d’accueillir autant que faire se peut l’étranger en quête de sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine. Les pouvoirs publics veilleront au respect du droit naturel qui place l’hôte sous la protection de ceux qui le reçoivent. Les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont elles ont la charge subordonner l’exercice du droit d’immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs de migrants à l’égard du pays d’adoption. L’immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d’accueil, d’obéir à ses lois et de contribuer à ses charges" (§ 2241).

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29 décembre 2011 4 29 /12 /décembre /2011 06:30

Je poursuis cette plongée dans cet enseignement social dont vous pouvez aussi consulter la rubrique sur le blog. Je vous propose cette fois de (re)découvrir ce fameux principe de subsidiarité, fort utile et plein de bon sens.

 

Présente dès la première grande encyclique sociale, la subsidiarité figure parmi les directives les plus constantes et les plus caractéristiques de la doctrine sociale de l'Église.395 Il est impossible de promouvoir la dignité de la personne si ce n'est en prenant soin de la famille, des groupes, des associations, des réalités territoriales locales, bref de toutes les expressions associatives de type économique, social, culturel, sportif, récréatif, professionnel, politique, auxquelles les personnes donnent spontanément vie et qui rendent possible leur croissance sociale effective.396 Tel est le cadre de la société civile, conçue comme l'ensemble des rapports entre individus et entre sociétés intermédiaires, les premiers à être instaurés et qui se réalisent grâce à « la personnalité créative du citoyen ».397 Le réseau de ces rapports irrigue le tissu social et constitue la base d'une véritable communauté de personnes, en rendant possible la reconnaissance de formes plus élevées de socialité.398

 

L'exigence de protéger et de promouvoir les expressions originelles de la socialité est soulignée par l'Église dans l'encyclique « Quadragesimo Anno», dans laquelle le principe de subsidiarité est indiqué comme un principe très important de la « philosophie sociale »: « De même qu'on ne peut enlever aux particuliers, pour les transférer à la communauté, les attributions dont ils sont capables de s'acquitter de leur seule initiative et par leurs propres moyens, ainsi ce serait commettre une injustice, en même temps que troubler d'une manière très dommageable l'ordre social, que de retirer aux groupements d'ordre inférieur, pour les confier à une collectivité plus vaste et d'un rang plus élevé, les fonctions qu'ils sont en mesure de remplir eux-mêmes. L'objet naturel de toute intervention en matière sociale est d'aider les membres du corps social, et non pas de les détruire ni de les absorber ».399

 

Sur la base de ce principe, toutes les sociétés d'ordre supérieur doivent se mettre en attitude d'aide (« subsidium ») — donc de soutien, de promotion, de développement — par rapport aux sociétés d'ordre mineur. De la sorte, les corps sociaux intermédiaires peuvent remplir de manière appropriée les fonctions qui leur reviennent, sans devoir les céder injustement à d'autres groupes sociaux de niveau supérieur, lesquels finiraient par les absorber et les remplacer et, à la fin, leur nieraient leur dignité et leur espace vital.

 

À la subsidiarité comprise dans un sens positif, comme aide économique, institutionnelle, législative offerte aux entités sociales plus petites, correspond une série d'implications dans un sens négatif, qui imposent à l'État de s'abstenir de tout ce qui restreindrait, de fait, l'espace vital des cellules mineures et essentielles de la société. Leur initiative, leur liberté et leur responsabilité ne doivent pas être supplantées. 

 

395Cf. Léon XIII, Encycl. Rerum novarum: Acta Leonis XIII, 11 (1892) 101-102, 123.

396Cf. Catéchisme de l'Église Catholique, 1882.

397Jean-Paul II, Encycl. Sollicitudo rei socialis, 15: AAS 80 (1988) 529; cf. Pie XI, Encycl. Quadragesimo anno: AAS 23 (1931) 203; Jean XXIII, Encycl. Mater et magistra: AAS 53 (1961) 439; Concile Œcuménique Vatican II, Const. past. Gaudium et spes, 65: AAS 58 (1966) 1086-1087; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Instr. Libertatis conscientia, 73, 85-86: AAS 79 (1987) 586, 592-593; Jean-Paul II, Encycl. Centesimus annus, 48: AAS 83 (1991) 852-854; Catéchisme de l'Église Catholique, 1883-1885.

398Cf. Jean-Paul II, Encycl. Centesimus annus, 49: AAS 83 (1991) 854-856 et Id., Encycl. Sollicitudo rei socialis, 15: AAS 80 (1988) 528-530.

399Pie XI, Encycl. Quadragesimo anno: AAS 23 (1931) 203; cf. Jean-Paul II, Encycl. Centesimus annus, 48: AAS 83 (1991) 852-854; Catéchisme de l'Église Catholique, 1883.

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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 11:34

La Pensée Sociale de l'Eglise Catholique ( dite aussi DSE), et je parle bien de Pensée Sociale, est un incontournable pour les chrétiens, surtout s'ils sont laïcs et donc naturellement destinés à participer à la Politique.

 

Sa richesse est telle et son contenu tellement cohérent et "fouillé" que je ne peux que vous inviter à vous procurer le "Compendium" . Pour ma part, il m'aide très concrètement dans mes choix, qu'ils soient personnels, professionnels ou relatifs à mon engagment. Les 3 images ci-dessous illustrent l'architecture de cette Pensée Sociale : pour les explications et les contenus, il faut là s'investir personnellement un peu plus !

Architecture-et-principes.jpg

 

Architecture-et-principes-2.jpg

 

Architecture-et-principes-3.jpg

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 06:30

Le Père Yannick Bonnet , dans L'Homme Nouveau du 22 octobre 2011 nous fait partager ses réflexions : 

 

On vient de célébrer en France le 30ème anniversaire de l'abolition de la peine de mort(...). Jadis, évoquant cette question déjà débattue depuis la fin du XIXe siècle dans notre pays, un journal avait publié, avec un gros titre à la Une : « Messieurs les assassins, commencez les premiers ! ». La société française estimait donc majoritairement que la peine de mort relevait de la légitime défense et qu'il fallait protéger ses membres de la dangerosité de certains criminels, potentiellement récidivistes. Quant à l'enseignement de l'Église,il reconnaissait « le bien-fondé du droit et du devoir de l'autorité publique légitime de sévir par des peines proportionnées à la gravité du délit, sans exclure dans les cas d 'une extrême gravité la peine de mort » (première édition en langue française du Catéchismede l'Église catholique,1992).

 

Mais Jean-Paul II a tenu à ce que cette position soit amendée (...)

En 1995, dans l'encyclique Evangelium vitae, le pape s'en est expliqué (n. 56) « Il est clair que la mesure et la qualité de la peine doiventêtre attentivement évaluées et déterminées ; elles ne doivent pas conduire à la mesure extrême de la suppression du coupable,si ce n 'est en cas de nécessité absolue, lorsque la défense de la société ne peut être possible autrement. Aujourd'hui, cependant, à la suite d'une organisation toujours plus efficace de l'institution pénale, ces cas sont désormais assez rares, sinon même pratiquement inexistants. Dans tous les cas, le principe indiqué dans le nouveau catéchisme de l'Église catholique demeure valide, principe selon lequel "si les moyens non sanglants suffisent à défendre les vies humaines contre l'agresseur et à protéger l'ordre public et la sécurité des personnes, l'autorité s'en tiendra à ces moyens, parce que ceux-ci correspondent mieux aux conditions concrètes du bien commun et sont plus conformes à la dignité de la personne humaine" ».

 

La question qui reste posée est donc bien celle de la défense de la société qui est un devoir de l'autorité publique légitime et qui implique qu'on ne libère pas abusivement des criminels, dont la dangerosité est clairement établie et qui risquent de récidiver, faisant de nouvelles victimes. C'est à juste titre que les familles des victimes de criminels libérés, alors que leur dangerosité est avérée, protestent vigoureusement et se mobilisent pour demander une réforme de la législation laxiste, issue de la pensée soixante-huitarde très influente dans certains milieux de la magistrature.

 

I1 ne s'agit donc pas de militer pour un rétablissement de la peine de mort, mais bien pour un sérieux amendement de la législation actuelle, de façon à ce que ne soient pas remis en liberté des criminels qui ne tardent pas à récidiver. Dans le n. 57 d'Evangelium vitae, le pape Jean-Paul II ajoute : « Si l'on doit accorder une attention aussi grande au respect de toute vie, même de celle du coupable et de l 'injuste agresseur, le commandement "Tu ne tueras pas" a une valeur absolue quand il se réfère à la personne innocente. Et cela d'autant plus qu'ils 'agit d 'un être humaines faible et sans défense, qui ne trouve que dans le caractère absolu du commandement de Dieu une défense radicale face à l'arbitraire et à l'abus de pouvoir d 'autrui ».

 

Il est donc souhaitable que les représentants élus tiennent compte de cette position et s'applique à réviser le laxisme introduit dans notre législation.

 

Merci à Rémy pour cette info.

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 06:30

Au regard des commentaires publiés sur ce blog et dont beaucoup manifestent une grande méconnaissance des principes et des valeurs sociales et politiques qui sont ceux de l'Eglise Catholique ( distincts du catéchisme) et qui sont un guide dont les laïcs chrétiens ne peuvent absolument pas se passer dans leur intervention dans le champ public, il m'apparaît comme une base de dialogue entre chrétiens et non chrétiens en même temps qu'une façon pour moi de contribuer à une certaine vulgarisation de cet enseignement social. Vous pouvez aussi consulter la rubrique sur le blog.

J'ai choisi de commencer par la démocratie car il me semble que  pour beaucoup de nos contemporains, simples ciyoyens ou responsables politiques, celle-ci est quelque part plus une finalité qu'un moyen. Bonne lecture !

 

Une démocratie authentique n'est pas seulement le résultat d'un respect formel de règles, mais le fruit de l'acceptation convaincue des valeurs qui inspirent les procédures démocratiques: la dignité de chaque personne humaine, le respect des droits de l'homme, le « bien commun » comme fin et critère de régulation de la vie politique. S'il n'existe pas de consensus général sur de telles valeurs, la signification de la démocratie se perd et sa stabilité est compromise.

 

La doctrine sociale identifie le relativisme éthique comme l'un des risques majeurs pour les démocraties actuelles, lequel induit à estimer qu'il n'existe pas de critère objectif et universel pour établir le fondement et la hiérarchie correcte des valeurs: « On tend à affirmer aujourd'hui que l'agnosticisme et le relativisme sceptique représentent la philosophie et l'attitude fondamentale accordées aux formes démocratiques de la vie politique, et que ceux qui sont convaincus de connaître la vérité et qui lui donnent une ferme adhésion ne sont pas dignes de confiance du point de vue démocratique, parce qu'ils n'acceptent pas que la vérité soit déterminée par la majorité, ou bien qu'elle diffère selon les divers équilibres politiques.

 À ce propos, il faut observer que, s'il n'existe aucune vérité dernière qui guide et oriente l'action politique, les idées et les convictions peuvent être facilement exploitées au profit du pouvoir. Une démocratie sans valeurs se transforme facilement en un totalitarisme déclaré ou sournois, comme le montre l'histoire ».

 

Fondamentalement, la démocratie est « un “système” et, comme tel, un instrument et non pas une fin. Son caractère “moral” n'est pas automatique, mais dépend de la conformité à la loi morale, à laquelle la démocratie doit être soumise comme tout comportement humain: il dépend donc de la moralité des fins poursuivies et des moyens utilisés ».

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4 novembre 2011 5 04 /11 /novembre /2011 06:30

"L’évangélisation de la culture est d’autant plus importante de nos jours qu’une “dictature du relativisme” menace d’obscurcir l’immuable vérité sur la nature humaine, sa destinée et son bien suprême. Certains cherchent aujourd’hui à exclure la croyance religieuse du discours public, à la limiter à la sphère privée ou même à la dépeindre comme une menace pour l’égalité et pour la liberté." a déclaré Benoit XVI dans son homélie à Glasgow le 16 septembre 2010.

 

Et Jean-Marie Guénois dans le Figaro traduit bien l’esprit des interventions pontificales : "l’impulsion est forte pour encourager les laïcs catholiques à se mouiller dans les eaux politiques."

 

A titre d'illustration de la "menace" pressentie, par cette invitation de Benoît XVI par les milieux de pensée et d'action hostiles à un retour de Dieu et de l'ordre naturel dans la société, on pourra lire cet article d'un conseiller municipal d'Arcueil, partenaire du parti communiste et s'adressant à Benoît XVI en ces termes : "TAIS TOI !"  Cet article révèle, en creux, le bien fondé de l'engagement des laïcs chrétiens au service du bien commun et de la dimension culturelle de l'évangélisation.

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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 06:30

billets.jpgCertains se demanderont pourquoi le Vatican parle d’économie (un début de réponse ici). En réalité, il n’y a rien de surprenant à cela. L’Église est experte en humanité, et rien de ce qui concerne l’homme ne lui peut lui rester étranger. Il n’y a donc rien d’illégitime à ce que le Vatican s’exprime sur des questions économiques même sur un registre un peu technique.

 

Le Conseil Pontifical Justice et Paix (qui n’est pas la Vatican…) a publié, lundi 24 octobre, une note pour une réforme du système financier international qui prend position fermement sur les principes tout en faisant un certain nombre de propositions concrètes. Selon  les termes du Conseil lui-même :

"Cette Note constitue une réflexion qui « veut être une contribution offerte aux responsables de la terre et à tous les hommes de bonne volonté ; un geste de responsabilité non seulement envers les générations actuelles, mais surtout envers celles futures ; afin que ne se perdent jamais l’espérance d’un avenir meilleur et la confiance dans la dignité et la capacité de bien de la personne humaine ".

La proposition a retenu l’attention du monde économique parfois avec un réel intérêt, souvent avec une forme de condescendance amusée. La tribune ironise ainsi dans son titre sur la solution miracle du Vatican (tout en exposant dans l’article les propositions du Conseil Pontifical de manière bienveillante et objective).

 

Ce texte a-t-il été écrit par des Bisounours ou bien a-t-il vraiment quelque chose à nous dire ?

Suite et source

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16 septembre 2011 5 16 /09 /septembre /2011 06:30

« Les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la « politique », à savoir à l’action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions le bien commun ». Jean-Paul II Christi Fideles Laïci  (1988)

Cette exhortation de Jean-Paul II ne lasse pas d'nterpeller, rejoignant celle de Léon XIII  "de la forme donnée à la société dépend et découle le bien et le salut des âmes".

On aura beau dire ce que l'on voudra mais cette évangélisation des structures et des institutions correspond à une vraie promotion du laïcat chrétien. Leur épanouissement et leur développement conditionnent l'évangélisation :  l'enjeu de l'évangélisation est aussi culturel.

Et pour la participation à la "politique", nul besoin pour les laïcs chrétiens d'une "autorisation ecclésiale". Ce qui n'empêche évidemment pas l'incarnation de cette action dans un cadre ecclésial au sens structurel du terme . Ce qui n'empêche pas non plus de se réjouir quand des ministres de l'église apportent leur soutien ou leur appui à des initiatives non structurellement écclésiales ou non confessionnelles comme la marche pour la vie 2010 par exemple. Ce qui n'empêche pas non plus les services directs rendus aux ministres de l'Eglise, à condition toutefois qu'ils "n'empêchent" pas la mission première des laïcs.

La distinction des pouvoirs temporel et spirituel ( distinction ne signifie pas séparation) donne aux laïcs chrétiens une liberté totale d'action dans leur domaine propre, sous réserve que bien sûr leur action puise à la source de l'Evangile, s'inscrive dans la reconnaissance et l'écoute bienveillantes et attentives de l'enseignement social de l'Eglise et de Son magistère, s'incarne dans une perspective de service du bien commun.

Face à la sécularisation de la société provoquant en ricochet la déshumanisation de celle-ci, face aussi à la baisse du nombre de prêtres, le service du bien commun revêt une importance capitale, y compris au plan spirituel et pour les vocations religieuses. La pratique de la charité politique est en effet un chemin de sainteté semé d'embûches et de difficultés mais aussi d'occasions de grandir et de faire grandir.

De la même façon que pour croître et se développer dans toute leur spendeur les plantes ont besoin d'un terrain fertile, de même la vie spirituelle et la propagation des vérités de la Foi sont étroitement liées aux structures et institutions et à ceux qui en ont la responsabilité. "Si je parviens à gagner un roi, j'aurais plus fait pour la cause de Dieu que si j'avais prêché des centaines et des milliers de missions. Ce qu'un souverain touché par la grâce de Dieu peut faire dans l'intérêt de l'Eglise et des âmes, mille missions ne le feraient jamais" ( Saint Alphonse de Liguori, docteur de l'Eglise ( 1696-1787).

Benoît XVI lui répond comme en écho en écrivant dans sa dernière encyclique " Caritas in veritate" :

 « C’est une exigence de la justice et de la charité que de vouloir le bien commun et de le rechercher. Oeuvrer en vue du bien commun signifie d’une part, prendre soin, et d’autre part, se servir de l’ensemble des institutions qui structurent juridiquement, civilement, et culturellement la vie sociale qui prend ainsi la forme de la polis, de la cité. On aime d’autant plus efficacement le prochain que l’on travaille davantage en faveur du bien commun qui répond également à des besoins réels. Tout chrétien est appelé à vivre cette charité, selon sa vocation et selon ses possibilités d’influence au service de la polis. C’est là la voie institutionnelle- politique peut-on dire aussi- de la charité, qui n’est pas moins qualifiée et déterminante que la charité qui est directement en rapport avec le prochain, hors des voies institutionnelles de la cité. L’engagement pour le bien commun, quand la charité l’anime, a une valeur supérieure à celle de l’engagement purement séculier et politique

Des paroles qui voient des initiatives prendre corps dans tout le pays : comme par exemple celle de l'observatoire socio politique du diocèse de Toulon ou encore celle du diocèse de Bayonne.

Formation et Action, 2 éléments qui se complètent pour la plus grande fécondité de ce service du bien commun auquel se consacre ichtus depuis plus de 40 ans !

Le chantier du service du bien commun est immense et apparaît chaque jour davantage comme une urgence, une évidence et un défi. Une urgence, une évidence et un défi sur lesquels Benoît XVI est revenu lors des JMJ et pour lesquels les laïcs doivent s'engager concrètement  en nous attachant à collaborer le plus efficacement possible avec les ministres de l'église, dans un saine complémentarité. Là est une vraie source d'Espérance pour tous ! 

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 20:09

Un échange avec un métalleux m'ammène à préciser  la relation entre morale et politique et à expliquer en quoi l'interdit est moralement bon quand les circonstances le justifient.

 

Selon Aristote, la cité, qui est naturelle, doit assurer "le vivre et le bien vivre". L’activité politique ne peut donc être séparée de toute morale. Cependant, il faut préciser ce lien entre les deux notions. La subordination de la cité à l’égard de la loi morale se manifeste soit de façon négative, en interdisant certains actes sous peine de sanction, soit de façon positive, en facilitant la pratique de la vertu.


L’interdiction de certains actes contraires à la morale

 

Les peines que le code pénal prévoit sont destinées à punir les personnes qui commettent des délits et des crimes comme l’assassinat, le vol, le viol, etc.. Mais le pouvoir laïc (du législateur et en l’occurrence du juge) ne s’immisce pas pour autant dans le domaine de la morale. La cité ne condamne les actes immoraux que lorsqu’ils portent atteinte au bien public.

 

Ce n’est pas le péché en tant que tel que l’Etat punit, mais ses conséquences sur autrui et sur la collectivité. On peut par exemple préparer un vol et ne pas le commettre pour différentes raisons ; la faute morale est déjà commise, alors qu’il n’y a aucune faute à l’égard de la société. Encore une fois, la morale touche au for interne, alors que la cité ne s’occupe que du for externe, même si dans certains cas l’intention du coupable est prise en compte pour déterminer son degré de responsabilité

 

L’Eglise ne dicte pas aux Etats les peines qui doivent être pratiquées à l’égard des auteurs de tel ou tel crime. Il appartient aussi à l’Etat, en fonction des circonstances, de déterminer la peine la plus adaptée. Ceci relève de l’autorité et de la compétence des laïcs et ne remet nullement en cause la permanence et la suprématie de la loi morale. Prenons le cas de l’avortement. L’avortement est considéré par l’Eglise comme un crime particulièrement abominable puisque la victime est la plus innocente qui puisse être. Mais là encore, l’Eglise ne dit pas que les auteurs de tels actes doivent automatiquement subir la peine la plus élevée, prévue par la législation de chaque Etat. La peine doit certes être adaptée au crime, mais aussi au niveau moyen de moralité des citoyens. Il est plus opportun de condamner sévèrement l’auteur d’un crime lorsque la grande majorité des citoyens juge ce crime particulièrement abominable. En effet, l’état d’esprit moyen de la société laisse supposer que le criminel connaît parfaitement la gravité de l’acte qu’il commet.

 

En aucun cas, la loi humaine ne peut s’opposer à la loi morale, c’est-à-dire qu’un acte immoral ne peut êtrelégalisé. Mais il n’en demeure pas moins que le législateur humain garde une sphère de compétence très étendue dans le choix de la sanction ou de la mise en oeuvre concrète de l’application de la loi morale, domaine dans lequel il est apte à opérer des choix.

 

L'enseignement social de l'Eglise ( Compendium de cet enseignement)

Les N° renvoient aux articles de ce compendium

 

Autorité politique et bien commun

168 La responsabilité de poursuivre le bien commun revient non seulement aux individus, mais aussi à l'État, car le bien commun est la raison d'être de l'autorité politique.

169 Pour garantir le bien commun, le gouvernement de chaque pays a pour tâche spécifique d'harmoniser avec justice les divers intérêts sectoriels.

170 Le bien commun de la société n'est pas une fin en soi; il n'a de valeur qu'en référence à la poursuite des fins dernières de la personne et au bien commun universel de la création tout entière.

 

La liberté
199 La liberté est dans l'homme un signe très élevé de l'image divine et, en conséquence, un signe de la dignité sublime de chaque personne humaine

200 La valeur de la liberté, en tant qu'expression de la singularité de chaque personne humaine, est respectée quand il est permis à chaque membre de la société de réaliser sa vocation personnelle Par ailleurs, la liberté doit aussi se manifester comme capacité de refus de ce qui est moralement négatif, sous quelque forme que ce soit.

 

L'autorité comme force morale

396 L'autorité doit se laisser guider par la loi morale: toute sa dignité dérive de son exercice dans le domaine de l'ordre moral, et elle est tenue de traduire cet ordre dans les actions concrètes pour la réalisation du bien commun.

397 L'autorité doit reconnaître, respecter et promouvoir les valeurs humaines et morales essentielles. Si, à cause d'un obscurcissement tragique de la conscience collective, le scepticisme venait à mettre en doute jusqu'aux principes fondamentaux de la loi morale, l'ordonnancement étatique lui- même serait bouleversé dans ses fondements, se réduisant à un pur mécanisme de régulation pragmatique d'intérêts différents et opposés.

398 L'autorité doit promulguer des lois justes, c'est-à-dire conformes à la dignité de la personne humaine et aux impératifs de la raison droite.Si l'autorité publique, qui a son fondement dans la nature humaine et qui appartient à l'ordre préétabli par Dieu, ne met pas tout en oeuvre pour la réalisation du bien commun, elle trahit sa fin spécifique et par conséquent se délégitime.

 

Infliger les peines

402 Pour protéger le bien commun, l'autorité publique légitime a le droit et le devoir d'infliger des peines proportionnées à la gravité des délits.L'État a la double tâche de réprimer les comportements qui portent atteinte aux droits de l'homme et aux règles fondamentales d'une société civile, ainsi que de remédier, par le biais du système des peines, au désordre causé par l'action délictueuse.

 

Pour ce qui concerne le hellfest, les incitations à la haine, les appels  aux transgressions contre nature, la christianophobie sont des atteintes manifestes au bien commun et à la liberté religieuse. Les pouvoirs publics et les organisateurs font depuis plusieurs année la sourde ooreille, c'est le moins que je puisse écrire. Les pouvoirs publics, au lieu de mettre en garde, soutiennent et même financent : leur légitimité est par conséquent contestable.

Les citoyens, face à cette démission, sont en droit de prendre toutes les initiatives qui leur paraissent nécessaires.

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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 06:30

diable et jésus

Ayant été "interpellé" sur le sens de l'Enfer et de Satan, je livre donc ci-dessous la vision de l'Eglise sur le sujet. Ce regard est essentiel, permet d'éclairer le débat concernant certains groupes de métal.

Dans un second billet, j'aborderai ce thème autrement "Satan : le maître de l'embrouille" 

 

Pour les chrétiens, il n’est pas concevable que Dieu, infiniment bon, aie pu créer le Mal. Ainsi, le catéchisme de l’Eglise catholique précise : « Derrière le choix de nos premiers parents, il y a une voix séductrice, opposée à Dieu, qui, par envie, les fait tomber dans la mort. L’Écriture et la tradition de l’Église voient en cet être un ange déchu, appelé Satan ou diable. L’Église enseigne qu’il a été d’abord un ange bon, fait par Dieu. “Le diable et les autres démons ont certes été créés par Dieu naturellement bons, mais c’est eux qui se sont rendus mauvais” ».

 
Dieu a créé l’homme à son image, c’est à dire LIBRE, capable de se placer en vis à vis, de participer dans un dialogue d’amour à sa vie divine, ou de s’opposer. Le choix de dire NON est perçu par certains (et notamment par les satanistes) comme la source de la connaissance, de l’esprit critique et de la liberté. Alors que pour les chrétiens c’est le OUI à l’amour de Dieu qui nous rend participant de sa liberté créatrice et qui crée et re-crée la vie dans toute sa diversité et sa fantaisie. « Fais ce qu’il te plait ! Et si quelque chose s’oppose à ton désir, détruit-le ! » Tel est en substance le message véhiculé par le satanisme. Un message qui séduit facilement les adolescents en quête de liberté et d’indépendance. Mais, n’est-il pas sous-jacent dans les comportements de nos sociétés occidentales ou la consommation et l’hédonisme ont tous les droits ? 

( NDLR : On peut approfondir autrement par  cette lecture ( Texte de quelques lignes). )

 

Quelle attitude adopter quand un enfant, un parent ou un ami semble « aspiré » par la mouvance satanique ? Tout d’abord, il est nécessaire de « raison garder » ; la mode gothique et la musique « metal » ne sont pas a priori dangereuses, ni condamnables. Cependant il convient de rester attentif face à certains signes qui peuvent légitimement inquiéter. Il n’est pas possible en quelques lignes d’indiquer ici ces différents signes. La MIVILUDE indique quelques pistes.

 

Trois attitudes sont fondamentales :

 

Veiller. C’est-à-dire s’informer et se former, afin de faire preuve d’un peu plus de discernement pour identifier ce qui peut être nuisible ou non. Mais aussi, s’intéresser aux jeux que pratiquent les jeunes, notamment sur Internet. Une récente enquête a montré que 72% des parents ne savent pas leurs enfants consultent sur Internet. Un rapide sondage auprès d’une cinquantaine d’élèves en classe de première dans un lycée privé a montré qu’un tiers d’entre eux consultaient régulièrement des sites sataniques…

 

Prévenir. Ce qui signifie informer et parfois interdire. Dans la plupart des familles, le téléphone portable, Internet et la télévision sont en « libre service » et les enfants les utilisent sans qu’il n’y ait plus aucun « filtre » ni autorisation des parents. Le dialogue sera souvent le seul moyen de se rendre compte. Et si le dialogue est rompu…

 

Guérir. Dans la plupart des cas cette démarche est impossible sans une aide extérieure. Les dérives « sataniques » ou sectaires s’inscrivent très souvent sur une faille psychologique qu’un psychiatre ou psychologue compétent pourra aider à regarder en face. Parfois l’intervention d’un exorciste (présent dans chaque diocèse) sera nécessaire. Et puis, trop souvent oublié, il ne faut pas hésiter à s’adresser également à la police dès lors que des libertés fondamentales ou l’intégrité des personnes ont été bafouées.

 

L’important c’est d’aimer : aimer avec fermeté et miséricorde, avec la dureté de l’acier pour affronter les assauts du monde et une tendresse infinie envers ceux qui nous entourent.

 

Source : « Pastorale, nouvelles croyances et dérives sectaires » du diocèse de Toulouse.

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